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La taille et le rabattage du forsythia

La taille est sans aucun doute l’intervention la plus cruciale pour entretenir la beauté et la vitalité d’un forsythia. Cet arbuste, d’une nature exubérante, peut rapidement devenir un enchevêtrement de branches désordonné et moins florifère s’il est laissé à lui-même. Une taille bien comprise et correctement exécutée permet non seulement de maîtriser sa forme et ses dimensions, mais surtout de stimuler la production de nouvelles pousses qui porteront la somptueuse floraison du printemps suivant. Connaître le bon moment pour intervenir et les gestes précis à effectuer est la clé pour transformer une simple opération de jardinage en un véritable acte de régénération, garantissant ainsi le renouvellement annuel du spectacle pyrotechnique de ses fleurs dorées.

La règle d’or, le principe fondamental et non négociable de la taille du forsythia, est le calendrier. Il faut impérativement tailler cet arbuste immédiatement après la fin de sa floraison, généralement entre la fin avril et le mois de juin, selon le climat. La raison est simple : le forsythia fleurit sur le bois de l’année précédente. Cela signifie que les bourgeons à fleurs qui s’épanouiront au printemps prochain se formeront sur les branches qui pousseront durant l’été et l’automne. Tailler en été, en automne ou en hiver reviendrait donc à couper toutes les futures fleurs, et à se priver de floraison pour une année entière. C’est l’erreur la plus commune et la plus frustrante pour les jardiniers débutants.

L’objectif principal de cette taille post-floraison est de rajeunir l’arbuste et de favoriser l’émission de jeunes rameaux vigoureux. Pour ce faire, la technique consiste à rabattre d’environ un tiers à la moitié de leur longueur les branches qui viennent de porter des fleurs. Il est important d’effectuer la coupe juste au-dessus d’un bourgeon vigoureux et tourné vers l’extérieur de l’arbuste. Cette pratique encouragera la ramification et assurera une bonne aération du centre de la plante, ce qui est essentiel pour limiter les risques de maladies.

En plus de raccourcir les rameaux ayant fleuri, la taille annuelle est l’occasion de faire un nettoyage complet de l’arbuste. Il faut en profiter pour supprimer à leur base tout le bois mort, sec ou cassant, ainsi que les branches faibles, chétives ou visiblement malades. Il est également judicieux d’éliminer les branches qui se croisent ou qui frottent l’une contre l’autre, car ces frottements peuvent créer des blessures qui sont des portes d’entrée pour les maladies. Ce travail d’éclaircissage permet à la lumière et à l’air de mieux pénétrer au cœur du forsythia, garantissant une croissance saine et harmonieuse.

Pour effectuer ce travail, il est indispensable de s’équiper d’outils de coupe bien affûtés et désinfectés. Un sécateur pour les branches de petit diamètre, un coupe-branches (ébrancheur) pour les tiges plus épaisses, et éventuellement une petite scie d’élagage pour le très vieux bois. Des coupes nettes et franches cicatrisent beaucoup plus vite et réduisent les risques d’infection. Pensez à désinfecter les lames avec de l’alcool à brûler avant de commencer et entre deux arbustes pour éviter de propager d’éventuels pathogènes.

Le rabattage de rajeunissement pour les vieux sujets

Avec le temps, un forsythia qui n’a été que légèrement taillé peut devenir très dense, avec une accumulation de vieux bois au centre qui devient de moins en moins productif en fleurs. La floraison a alors tendance à se déplacer vers la périphérie de l’arbuste. Pour redonner de la vigueur à un tel sujet et le régénérer en profondeur, une taille de rajeunissement, plus sévère, est nécessaire. Cette opération consiste à renouveler progressivement la charpente de l’arbuste.

La méthode la plus douce et la plus efficace pour rajeunir un vieux forsythia est d’étaler l’opération sur trois ans. Chaque année, toujours après la floraison, on sélectionne environ un tiers des plus vieilles branches, les plus grosses et souvent les plus foncées, et on les coupe au ras du sol ou à leur point de départ sur la souche. Cette suppression drastique va forcer l’arbuste à produire de nouvelles pousses vigoureuses depuis sa base. Au bout de trois ans, l’ensemble des vieilles branches aura été remplacé par une nouvelle structure jeune et florifère, sans que l’arbuste n’ait été complètement dégarni à un moment donné.

Dans des cas extrêmes, sur un forsythia très vieux, complètement négligé et devenu un fouillis inextricable, un rabattage radical peut être envisagé. Cette technique, dite de recépage, consiste à couper toutes les branches de l’arbuste à 10 ou 15 centimètres du sol. C’est une opération très drastique qui doit être réservée aux situations désespérées et qui se pratique à la fin de l’hiver, juste avant le redémarrage de la végétation. L’arbuste sera alors privé de floraison pendant au moins une ou deux années.

Après un recépage, le forsythia va réagir en produisant une multitude de nouvelles pousses très vigoureuses depuis la souche. Il sera alors nécessaire, au cours de l’été suivant, de sélectionner les plus belles et les mieux placées pour reconstituer une nouvelle structure, et de supprimer les autres. Cette méthode permet de sauver et de reformer complètement un arbuste, mais elle demande un suivi attentif pour guider la repousse et éviter de se retrouver à nouveau avec une touffe trop dense et confuse.

Les erreurs de taille à éviter absolument

Comme mentionné précédemment, l’erreur capitale est de tailler au mauvais moment. Tailler un forsythia en automne ou en hiver est le meilleur moyen de ne pas avoir de fleurs au printemps. Il faut graver dans sa mémoire la règle simple : on profite des fleurs, et dès qu’elles sont fanées, on sort le sécateur. Cette synchronisation est la condition sine qua non d’une floraison réussie année après année.

Une autre erreur fréquente est de tailler le forsythia « en boule » ou « au carré » avec une cisaille à haie, comme on le ferait pour un buis ou un if. Cette pratique, souvent par souci de rapidité, est très préjudiciable à la floraison et à la silhouette naturelle de l’arbuste. Elle consiste à couper aveuglément les extrémités de toutes les branches, ce qui supprime une grande partie des futurs bourgeons floraux et encourage un enchevêtrement de petites pousses au sommet, laissant l’intérieur de l’arbuste se dégarnir. La taille du forsythia doit être sélective, branche par branche, pour respecter son port souple et arqué.

Il faut également éviter de ne tailler que les extrémités des branches (pincement). Une taille trop timide n’est pas suffisante pour stimuler la croissance de nouvelles pousses vigoureuses depuis la base. L’arbuste aura tendance à vieillir prématurément, avec du vieux bois qui s’accumule et une floraison qui diminue. Il ne faut pas avoir peur de tailler franchement les rameaux qui ont fleuri et de supprimer à la base les plus vieilles tiges. Le forsythia est un arbuste très vigoureux qui réagit très bien à une taille bien menée.

Enfin, il faut se garder de ne jamais tailler son forsythia. Sans aucune intervention, l’arbuste va certes continuer à pousser et à fleurir pendant quelques années, mais il deviendra rapidement un amas de branches désordonné, très encombrant, avec beaucoup de bois mort à l’intérieur et une floraison qui se déplacera progressivement vers l’extérieur. L’entretien annuel par la taille est donc un mal nécessaire pour le maintenir en pleine forme, esthétique et généreusement florifère sur le long terme.

📷  Flickr / Szerző: Maja Dumat / Licence: CC BY 2.0

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