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La plantation et la multiplication de la croix de Jérusalem

Planter et multiplier la croix de Jérusalem est une démarche gratifiante qui permet d’intégrer facilement cette vivace spectaculaire dans son jardin ou d’étendre sa présence au fil des années. Que ce soit par le semis, qui demande un peu de patience, ou par la division de touffes, une méthode rapide et efficace, la propagation de cette plante est à la portée de tous les jardiniers. La plantation initiale est une étape clé qui conditionnera la vigueur et la santé future de la plante ; un sol bien préparé et un emplacement ensoleillé sont les garants d’une floraison estivale flamboyante. En comprenant les techniques simples de multiplication, tu pourras non seulement pérenniser tes plants, mais aussi partager cette merveille botanique avec d’autres passionnés.

La période idéale pour la plantation de la croix de Jérusalem, achetée en godet, est le printemps (d’avril à juin) ou l’automne (de septembre à octobre). Planter au printemps permet à la plante de bien s’installer avant la floraison estivale, tandis que la plantation automnale lui donne le temps de développer un système racinaire robuste avant l’arrivée de l’hiver, lui assurant un bon départ la saison suivante. Il faut éviter de planter pendant les périodes de gel ou de forte chaleur. Le trou de plantation doit être environ deux fois plus large et profond que la motte, afin d’ameublir la terre environnante et de faciliter l’expansion des racines.

Avant de mettre la plante en terre, il est conseillé de faire tremper le godet dans un seau d’eau pendant quelques minutes, jusqu’à ce que plus aucune bulle d’air ne s’échappe. Cette opération assure une hydratation parfaite de la motte. Pendant ce temps, on peut améliorer la terre extraite du trou en y mélangeant une bonne pelletée de compost ou de terreau de plantation. Un peu de sable de rivière peut aussi être ajouté si le sol est particulièrement lourd, afin d’améliorer le drainage, qui est un facteur essentiel pour la survie de la plante en hiver.

Une fois le mélange préparé, on dépose une partie au fond du trou, on dépote délicatement la plante en démêlant si besoin les racines qui pourraient être enroulées au fond du pot, et on la positionne de manière à ce que le haut de la motte soit au même niveau que le sol environnant. Il suffit ensuite de combler le trou avec le reste du mélange de terre, de tasser légèrement avec les mains pour éliminer les poches d’air, et de terminer par un arrosage copieux. Cet arrosage, même si le sol est humide, est crucial pour assurer un bon contact entre les racines et la terre.

La plantation en pleine terre

La réussite de la plantation de la croix de Jérusalem repose sur trois piliers : le choix de l’emplacement, la préparation du sol et la technique de mise en terre. Comme mentionné précédemment, un site bénéficiant d’un ensoleillement direct durant une grande partie de la journée est impératif pour obtenir une floraison abondante et des couleurs vives. Il faut également anticiper la hauteur de la plante à maturité, qui peut atteindre un mètre, et la placer en conséquence dans le massif, généralement en position médiane ou en arrière-plan pour ne pas ombrager les plantes plus petites situées devant elle.

La préparation du sol est une étape à ne pas négliger. Un bon bêchage sur une profondeur de 30 à 40 centimètres permet de décompacter la terre et d’assurer un bon enracinement. C’est le moment idéal pour enrichir le sol en matière organique. L’ajout de compost bien décomposé ou de fumier mûr améliorera non seulement la fertilité, mais aussi la structure du sol, favorisant à la fois la rétention d’eau en été et le drainage en hiver. Un sol bien préparé est la meilleure assurance pour une plante saine et vigoureuse pour les années à venir.

Lors de la mise en terre des plants, il est essentiel de respecter les distances de plantation. Un espacement de 40 à 50 cm entre chaque pied est recommandé pour permettre à chaque touffe de se développer harmonieusement sans être à l’étroit. Une bonne circulation de l’air est fondamentale pour prévenir l’apparition de maladies fongiques comme l’oïdium. Une fois les plants en place, un arrosage généreux est nécessaire pour tasser la terre autour des racines et assurer un bon départ. Un paillage peut ensuite être installé pour conserver l’humidité et limiter la concurrence des herbes indésirables.

Le suivi après la plantation est simple mais important. Durant les premières semaines, il faut veiller à ce que le sol reste frais en arrosant régulièrement, surtout si le temps est sec. Une fois que l’on observe de nouvelles pousses, c’est le signe que la plante a bien repris et commence à s’établir. À partir de ce moment, elle deviendra de plus en plus autonome. La patience est de mise ; il est possible que la floraison soit discrète la première année, la plante concentrant son énergie sur le développement de son système racinaire, mais elle sera d’autant plus spectaculaire les années suivantes.

La multiplication par semis

La multiplication de la croix de Jérusalem par semis est une méthode économique et très satisfaisante, bien qu’elle demande un peu plus de temps que la division. La récolte des graines s’effectue à la fin de l’été ou au début de l’automne, lorsque les capsules qui contenaient les fleurs sont bien sèches et brunes. Il suffit de couper les tiges et de les secouer au-dessus d’un papier ou d’un récipient pour récupérer les fines graines noires. Il faut ensuite les conserver dans une enveloppe en papier dans un endroit sec et frais jusqu’au moment du semis.

Le semis peut se faire de deux manières : directement en place à l’automne, ou sous abri à la fin de l’hiver. Le semis d’automne en pleine terre imite le cycle naturel de la plante. Les graines ont besoin d’une période de froid (stratification) pour germer, et les conditions hivernales s’en chargent naturellement. Il suffit de préparer une petite parcelle de terre, de semer les graines à la volée, de les recouvrir très légèrement de terreau fin et de tasser. La germination aura lieu au printemps suivant, lorsque les températures se réchaufferont.

Pour un semis sous abri, qui permet un meilleur contrôle, on procède entre février et avril. Remplis des godets ou une terrine avec un terreau spécial semis, fin et drainant. Sème les graines en surface et recouvre-les d’une très fine couche de vermiculite ou de terreau tamisé, car les graines ont besoin d’un peu de lumière pour germer. Humidifie délicatement avec un pulvérisateur et place le tout à une température comprise entre 15 et 20°C. La germination prend généralement entre deux et quatre semaines.

Une fois que les plantules ont développé deux ou trois vraies feuilles, il est temps de les repiquer individuellement dans des godets plus grands pour qu’elles puissent se fortifier. Il faut les manipuler avec précaution en les tenant par les feuilles et non par la tige, qui est très fragile. Continue à les cultiver sous abri lumineux, en les acclimatant progressivement aux conditions extérieures (en les sortant quelques heures par jour) avant de les mettre en pleine terre après les dernières gelées, généralement en mai. Les plantes issues de semis fleuriront le plus souvent la deuxième année.

La multiplication par division de touffe

La division de touffe est la méthode la plus simple, la plus rapide et la plus fiable pour multiplier la croix de Jérusalem. Elle permet non seulement d’obtenir de nouveaux plants identiques à la plante mère, mais aussi de rajeunir les vieilles touffes qui peuvent devenir moins florifères et se dégarnir en leur centre après plusieurs années. Cette opération se pratique de préférence au début du printemps, juste au moment où les nouvelles pousses commencent à sortir de terre, ou bien en automne, après la floraison.

Pour procéder à la division, il faut commencer par déterrer la touffe entière avec une fourche-bêche, en prenant soin de creuser assez loin de la base pour ne pas endommager le système racinaire. Une fois la motte extraite, secoue-la doucement pour enlever l’excédent de terre et mieux visualiser la structure des racines et des départs de tiges. C’est une bonne occasion pour inspecter la santé des racines et retirer les parties mortes ou abîmées.

Avec un outil tranchant et désinfecté, comme un couteau solide, une bêche ou même deux fourches-bêches insérées dos à dos au centre de la touffe, sépare la motte en plusieurs éclats. Chaque éclat doit comporter plusieurs pousses vigoureuses et une bonne portion de racines saines. Ne sois pas trop gourmand ; des éclats de taille moyenne reprendront plus facilement que de très petits fragments. Les parties anciennes et ligneuses du centre de la touffe peuvent être jetées au compost.

Les éclats obtenus sont ensuite prêts à être replantés immédiatement dans un nouvel emplacement préparé à l’avance, ou offerts à d’autres jardiniers. La plantation se fait de la même manière qu’un plant acheté en godet, en veillant à bien arroser après la mise en terre. Il est conseillé de tailler légèrement le feuillage existant pour réduire l’évaporation et aider la plante à concentrer son énergie sur le développement de nouvelles racines. Avec cette méthode, les nouveaux plants fleuriront généreusement dès la première saison estivale suivant la division.

Le bouturage de la croix de Jérusalem

Bien que moins courante que le semis ou la division, la multiplication de la croix de Jérusalem par bouturage est également une option viable, en particulier pour les variétés spécifiques que l’on souhaite reproduire à l’identique. Cette technique se pratique à la fin du printemps ou au début de l’été, lorsque la plante est en pleine croissance. On prélève des boutures à partir des tiges basales qui n’ont pas encore produit de fleurs, car elles s’enracinent plus facilement.

Pour prélever les boutures, choisis des tiges saines et vigoureuses. Avec un couteau bien affûté ou un sécateur, coupe des segments de tige d’environ 10 à 15 centimètres de long. La coupe doit être faite juste en dessous d’un nœud (le point d’insertion d’une feuille sur la tige). Retire ensuite les feuilles de la moitié inférieure de la bouture pour limiter la transpiration et éviter qu’elles ne pourrissent au contact du substrat. On peut ne laisser que deux ou trois paires de feuilles à l’extrémité supérieure.

Pour augmenter les chances de réussite, il est possible de tremper la base de la bouture dans de la poudre d’hormone de bouturage, bien que ce ne soit pas toujours indispensable pour la Silene chalcedonica. Prépare ensuite un pot rempli d’un mélange léger et drainant, composé par exemple de moitié terreau et de moitié sable ou perlite. Fais un petit trou avec un crayon dans le substrat et insère délicatement la base de la bouture sur quelques centimètres de profondeur. Tasse légèrement le substrat autour de la tige.

Place les pots dans un endroit chaud et lumineux, mais à l’abri du soleil direct. Pour maintenir une atmosphère humide propice à l’enracinement, on peut couvrir les pots avec un sac en plastique transparent ou une bouteille en plastique coupée, c’est ce qu’on appelle le bouturage « à l’étouffée ». Veille à aérer régulièrement pour éviter le développement de moisissures. Le substrat doit rester légèrement humide mais jamais détrempé. L’enracinement prend généralement plusieurs semaines ; un léger tiraillement sur la bouture qui offre une résistance est le signe de la formation de nouvelles racines.

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