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La plantation et la multiplication du romarin

Planter et multiplier le romarin est une démarche gratifiante pour tout jardinier, permettant de pérenniser cette plante aromatique exceptionnelle et d’en peupler son jardin ou son balcon. Le succès de ces opérations repose sur le respect de quelques principes fondamentaux liés aux exigences de la plante. Le romarin, originaire du bassin méditerranéen, aime la chaleur, le soleil et les sols secs et bien drainés. Comprendre et reproduire ces conditions est la clé pour assurer une bonne reprise lors de la plantation et un enracinement réussi lors de la multiplication. C’est une aventure horticole accessible à tous, qui promet de belles récoltes parfumées.

La plantation est la première étape pour accueillir cette plante dans ton environnement. Le choix du moment est crucial : le printemps, après les dernières gelées, est idéal. Cette période permet à la jeune plante de développer un système racinaire robuste avant l’arrivée de l’hiver. Dans les régions au climat doux, une plantation en début d’automne est également envisageable, car la terre est encore chaude et les pluies automnales aideront à l’enracinement. Il est impératif d’éviter les périodes extrêmes, comme les fortes chaleurs de l’été ou les gels profonds de l’hiver, qui stresseraient inutilement la plante.

La préparation du site de plantation est tout aussi importante. Que ce soit en pleine terre ou en pot, le drainage est le maître-mot. Pour une plantation en jardin, creuse un trou deux à trois fois plus grand que la motte. Si ton sol est lourd et argileux, amende-le généreusement avec du sable grossier, des graviers ou du compost bien mûr pour l’alléger et améliorer sa perméabilité. Une bonne couche de graviers au fond du trou de plantation n’est jamais superflue pour garantir que l’eau ne stagnera pas au niveau des racines.

Lors de la mise en terre, manipule la motte avec soin. Il est souvent bénéfique de griffer légèrement les racines extérieures si elles forment un chignon serré, afin de les inciter à explorer le nouveau sol. Positionne la plante de manière à ce que le haut de la motte, appelé le collet, soit au même niveau que la surface du sol environnant. Un enterrement trop profond du collet pourrait entraîner son pourrissement. Comble ensuite le trou, tasse délicatement la terre et termine par un arrosage abondant pour bien mettre en contact la terre et les racines.

La multiplication par bouturage

Le bouturage est la méthode la plus simple, la plus rapide et la plus fiable pour multiplier le romarin. Elle permet d’obtenir de nouvelles plantes génétiquement identiques à la plante mère, conservant ainsi toutes ses caractéristiques. La meilleure période pour réaliser les boutures est à la fin de l’été, d’août à septembre, lorsque les nouvelles pousses de l’année sont semi-aoûtées, c’est-à-dire qu’elles sont encore souples mais commencent à se transformer en bois. Des boutures peuvent aussi être tentées au printemps sur du bois tendre.

Pour préparer tes boutures, sélectionne des tiges saines et vigoureuses sur une plante mère bien établie. Prélève des extrémités de tiges d’environ 10 à 15 centimètres de longueur, en effectuant une coupe nette juste en dessous d’un nœud (le point d’insertion des feuilles sur la tige). Ensuite, effeuille la partie inférieure de la bouture sur environ la moitié de sa hauteur. Cette opération, appelée l’habillage, permet de limiter l’évaporation et de favoriser l’émission de racines au niveau des nœuds enterrés.

Plante ensuite les boutures dans un pot ou une terrine remplie d’un substrat léger et drainant, comme un mélange de terreau et de sable à parts égales. Enfonce la base effeuillée de chaque bouture sur quelques centimètres, en les espaçant suffisamment pour que l’air circule. Tasse légèrement le substrat autour des tiges et arrose délicatement. L’utilisation d’hormone de bouturage n’est pas indispensable pour le romarin, mais elle peut augmenter les chances de succès et accélérer le processus d’enracinement.

Place ensuite tes boutures dans un endroit chaud et lumineux, mais à l’abri du soleil direct qui pourrait les dessécher. Maintiens le substrat légèrement humide mais jamais détrempé. Pour créer une atmosphère confinée et humide propice à l’enracinement, tu peux couvrir le pot avec un sac en plastique transparent ou une bouteille en plastique coupée en deux : c’est ce qu’on appelle le bouturage à l’étouffée. Aère régulièrement pour éviter le développement de moisissures. Les premiers signes d’enracinement apparaissent généralement après quelques semaines.

La multiplication par marcottage

Le marcottage est une autre technique de multiplication végétative très efficace et naturelle pour le romarin, particulièrement adaptée aux variétés à port rampant ou étalé. Cette méthode consiste à provoquer l’enracinement d’une tige alors qu’elle est encore attachée à la plante mère. L’avantage principal est que la tige continue d’être alimentée par la plante mère pendant tout le processus d’enracinement, ce qui minimise les risques d’échec. Le marcottage se pratique de préférence au printemps.

Pour réaliser un marcottage, choisis une tige basse, longue et souple, proche du sol. Incline-la délicatement jusqu’à ce qu’elle touche la terre. À l’endroit où la tige entre en contact avec le sol, tu peux faire une légère incision sur la partie inférieure de l’écorce. Cette petite blessure stimulera l’émission de racines. Creuse ensuite une petite tranchée à cet emplacement et enterre la partie de la tige incisée, en laissant l’extrémité feuillue ressortir verticalement du sol.

Pour maintenir la tige enterrée, tu peux utiliser un crochet métallique (comme une sardine de tente) ou une simple pierre. Recouvre la partie enterrée avec un peu de terreau ou de compost pour favoriser l’enracinement. Il est important de maintenir cette zone légèrement humide pendant les mois qui suivent. La nature fera le reste, et des racines se développeront à partir de la partie enterrée de la tige, créant ainsi une nouvelle plante autonome.

Après plusieurs mois, généralement à l’automne ou au printemps suivant, vérifie si l’enracinement est suffisant en tirant doucement sur la marcotte. Si elle résiste, cela signifie que de nouvelles racines se sont bien formées. Tu peux alors la sevrer, c’est-à-dire la séparer de la plante mère en coupant la tige qui les relie. La nouvelle plante peut être laissée en place si l’emplacement convient, ou bien elle peut être déterrée avec sa motte de racines et transplantée à un autre endroit du jardin ou dans un pot.

La multiplication par semis

La multiplication du romarin par semis est possible, mais elle est plus longue, plus délicate et plus aléatoire que le bouturage ou le marcottage. Les graines de romarin ont une germination parfois capricieuse et les plantes obtenues peuvent présenter des variations par rapport à la plante mère, ce qui peut être une surprise, bonne ou mauvaise. Cette méthode est donc plutôt réservée aux jardiniers patients et curieux qui souhaitent expérimenter. La période idéale pour semer est au début du printemps, en intérieur.

Commence par remplir des godets ou une terrine avec un terreau spécial semis, fin et léger. Tasse légèrement la surface et humidifie le substrat avec un pulvérisateur. Sème ensuite les graines de romarin en les répartissant le plus uniformément possible à la surface. Ne les enterre pas trop profondément, une fine couche de terreau tamisé (quelques millimètres) suffit. Les graines de romarin ont besoin de lumière pour germer, il ne faut donc pas trop les recouvrir.

Place tes semis dans un endroit chaud (environ 20-22°C) et lumineux, comme un rebord de fenêtre ou une serre chauffée. Maintiens le terreau constamment humide mais sans excès, en utilisant un pulvérisateur pour ne pas déranger les graines. La germination peut être longue, de plusieurs semaines à plus d’un mois, il faut donc faire preuve de patience. Une fois que les plantules ont développé quelques vraies feuilles, tu peux les repiquer individuellement dans des pots plus grands.

Il faudra attendre que les jeunes plants soient suffisamment robustes et que tout risque de gelée soit écarté avant de les installer en pleine terre. Les plants issus de semis sont souvent plus fragiles au début et nécessitent une attention particulière durant leur première année. Il est important de les endurcir progressivement aux conditions extérieures en les sortant quelques heures par jour avant la plantation définitive. Cette méthode, bien que plus exigeante, procure la satisfaction de voir naître une plante à partir d’une simple graine.

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