L’hivernage de l’amandier nain

L’amandier nain, grâce à ses origines steppiques d’Europe de l’Est et de Sibérie, est un arbuste d’une rusticité remarquable, capable de faire face aux hivers les plus rigoureux. Cette grande résistance au froid est l’un de ses principaux atouts, lui permettant d’être cultivé sans crainte dans la grande majorité des régions aux climats tempérés et continentaux. Pour un sujet planté en pleine terre et bien établi, la préparation à l’hiver est donc minimale, la nature se chargeant de le mettre en dormance pour traverser la saison froide. Cependant, quelques précautions peuvent s’avérer utiles pour les jeunes plants ou pour les sujets cultivés en pot, qui sont plus vulnérables au gel.
La rusticité d’une plante, c’est-à-dire sa capacité à supporter de basses températures, est une donnée fondamentale à connaître. Pour le Prunus tenella, on estime qu’il peut endurer sans dommage des températures allant de -20°C à -25°C, voire plus bas encore si le froid est sec et que la plante est protégée de la neige et du vent. Cette tolérance exceptionnelle le dispense de toute protection hivernale dans la plupart des jardins. Il perdra ses feuilles à l’automne et son métabolisme ralentira considérablement, attendant patiemment le redoux printanier pour se réveiller.
Néanmoins, certains facteurs peuvent influencer sa résistance au froid. Un arbuste planté dans un sol mal drainé et gorgé d’eau en hiver sera beaucoup plus sensible au gel, car l’excès d’humidité peut faire pourrir ses racines. De même, une fertilisation tardive en automne peut stimuler la croissance de jeunes pousses qui n’auront pas le temps de s’aoûter (se lignifier) avant l’arrivée du gel et seront donc grillées par le froid. Il est donc crucial de respecter ses besoins culturaux tout au long de l’année pour lui garantir une bonne préparation à l’hiver.
La situation est différente pour les amandiers nains cultivés en conteneur. Dans un pot, le système racinaire est beaucoup moins protégé du froid que dans la pleine terre, qui bénéficie d’une grande inertie thermique. Le gel peut traverser les parois du pot et endommager gravement les racines, même si la partie aérienne de la plante est rustique. Un hivernage adapté est donc indispensable pour ces sujets afin de leur permettre de passer la saison froide sans encombre.
La protection des sujets en pleine terre
Pour un amandier nain adulte et sain, planté en pleine terre depuis plusieurs années, aucune mesure de protection spécifique n’est généralement requise. Il suffit de laisser faire la nature. Cependant, pour un jeune sujet qui vient d’être planté à l’automne ou qui n’a qu’une ou deux années de jardin, une petite aide peut être la bienvenue pour affronter son premier hiver. La partie la plus sensible de la plante est son jeune système racinaire, encore superficiel.
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La protection la plus simple et la plus efficace consiste à installer un paillage épais au pied de l’arbuste. Après les premières gelées, lorsque la terre a commencé à refroidir, étale une couche de 10 à 15 centimètres de matériaux organiques isolants. Les feuilles mortes sont parfaites pour cela, tout comme la paille, les frondes de fougères séchées ou même du compost bien décomposé. Ce paillis agira comme une couverture, protégeant les racines des grands froids et des variations brutales de température.
Ce paillis a plusieurs avantages. En plus de son rôle protecteur contre le gel, il limite le développement des mauvaises herbes au printemps et, en se décomposant, il enrichira progressivement le sol en humus, améliorant sa structure et sa fertilité. Il est important de ne pas appliquer le paillis trop tôt dans la saison, car cela pourrait retarder l’endurcissement de la plante au froid. Attends que le sol ait bien refroidi et que l’arbuste soit complètement entré en dormance.
Un autre point à surveiller, surtout dans les régions où les chutes de neige peuvent être abondantes et lourdes, est le poids de la neige sur les branches. La neige humide et collante peut s’accumuler et faire plier, voire casser les rameaux. Après une forte chute de neige, il peut être judicieux de secouer délicatement les branches de l’amandier nain pour le délester de ce poids excessif. En dehors de ces quelques précautions, l’arbuste se débrouillera très bien tout seul.
L’hivernage des amandiers nains en pot
La culture en pot expose bien plus l’amandier nain aux rigueurs de l’hiver, car le volume de terre limité du conteneur n’offre que très peu de protection contre le gel. Les racines sont les premières victimes potentielles du froid. Il est donc impératif de prendre des mesures pour protéger à la fois le contenant et son contenu. La première règle est de ne jamais laisser le pot à même le sol froid et humide. Surélève-le à l’aide de cales en bois, de briques ou de pieds de pot pour permettre à l’eau de s’écouler et pour couper le contact avec le sol gelé.
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Ensuite, il faut isoler les parois du pot. Plusieurs techniques existent. Tu peux emballer le pot dans plusieurs couches de voile d’hivernage, de la toile de jute, ou même du papier bulle. Cette dernière solution est très efficace mais moins esthétique et non respirante ; il faut donc veiller à ne pas enfermer l’humidité. Une autre méthode consiste à placer le pot dans un contenant plus grand (une caisse en bois, un grand pot) et à combler l’espace entre les deux avec des matériaux isolants comme de la paille, des feuilles mortes ou des copeaux de bois.
L’emplacement du pot durant l’hiver est également stratégique. Il est préférable de le déplacer dans un endroit abrité des vents froids dominants et des pluies battantes, par exemple le long d’un mur bien exposé, sous un auvent ou sur un balcon protégé. Le vent froid et sec est particulièrement redoutable car il accentue le dessèchement des parties aériennes et du substrat. Regrouper plusieurs pots ensemble permet également de créer un microclimat plus clément et de limiter les pertes de chaleur.
Il est important de ne pas rentrer l’amandier nain dans une pièce chauffée de la maison. Comme beaucoup d’arbustes de climat tempéré, il a besoin d’une période de froid hivernal, appelée vernalisation, pour induire sa floraison au printemps. Si tu vis dans une région aux hivers vraiment extrêmes, un local non chauffé mais lumineux, comme une véranda froide, un garage avec une fenêtre ou une serre froide, constitue un abri idéal. La température doit y rester basse, idéalement en dessous de 10°C, mais protégée des gelées les plus fortes.
La gestion de l’arrosage en période hivernale
Que ton amandier nain soit en pleine terre ou en pot, ses besoins en eau sont très réduits durant sa période de dormance hivernale. Il est crucial de ne pas trop arroser, car un sol détrempé et froid est la combinaison parfaite pour faire pourrir les racines. Pour un sujet en pleine terre, les précipitations hivernales sont généralement amplement suffisantes, et aucun arrosage n’est nécessaire de la chute des feuilles jusqu’à la reprise de la végétation au printemps.
Pour les sujets en pot, la gestion de l’eau est un peu plus délicate. Le substrat ne doit jamais être complètement détrempé, mais il ne doit pas non plus se dessécher entièrement, surtout si le pot est exposé au vent. Il faut donc vérifier l’humidité du terreau de temps en temps, en enfonçant un doigt sur quelques centimètres. Un arrosage très léger, une à deux fois par mois, est souvent suffisant pour maintenir une très légère humidité dans la motte.
Il faut arroser uniquement lorsque le temps est doux, en dehors des périodes de gel. Arroser juste avant une forte gelée pourrait être fatal, car l’eau en gelant dans le substrat augmenterait de volume et pourrait endommager gravement les racines. Privilégie un arrosage en milieu de journée pour que l’excès d’eau ait le temps de s’écouler avant la nuit. Si ton pot est placé à l’abri de la pluie, cette surveillance est d’autant plus importante.
En résumé, la règle d’or pour l’arrosage hivernal est la parcimonie. Mieux vaut un substrat un peu trop sec qu’un substrat gorgé d’eau. La plante est au repos, son métabolisme est au ralenti, et ses besoins sont minimes. Un excès d’humidité est l’erreur la plus courante et la plus préjudiciable que l’on puisse commettre durant l’hivernage de l’amandier nain, particulièrement pour les plantes en pot.
📷 Le.Loup.Gris, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons