La taille et la coupe du cornouiller à fleurs

La taille du cornouiller à fleurs est une intervention qui doit être abordée avec délicatesse et discernement. Contrairement à de nombreux autres arbustes de jardin, il ne nécessite pas de taille annuelle systématique pour stimuler sa floraison ou contrôler sa croissance. Sa silhouette naturelle, étalée et gracieuse, constitue l’un de ses principaux attraits. Par conséquent, l’objectif de la taille n’est pas de le modeler artificiellement, mais plutôt d’accompagner son développement, de préserver sa santé et de maintenir son port harmonieux. Une taille mal exécutée, trop sévère ou réalisée au mauvais moment, peut compromettre la floraison de l’année suivante et même affaiblir l’arbuste. Il est donc essentiel de comprendre pourquoi, quand et comment intervenir pour que ce geste soit bénéfique à la plante.
Le principe fondamental à retenir est que le cornouiller à fleurs fleurit sur le bois formé l’année précédente. Les bourgeons floraux qui s’épanouiront au printemps se développent sur les rameaux durant l’été et l’automne. Une taille effectuée en automne, en hiver ou au début du printemps supprimerait donc inévitablement une grande partie de la floraison à venir. Pour cette raison, si une intervention est nécessaire, la seule et unique période pour tailler le cornouiller à fleurs est juste après la fin de sa floraison, généralement à la fin du printemps ou au tout début de l’été.
Tailler à ce moment précis permet de profiter pleinement du spectacle des fleurs et donne à l’arbuste tout le temps nécessaire pour produire de nouvelles pousses durant l’été, sur lesquelles se formeront les boutons de la floraison de l’année suivante. Cette taille doit rester légère et ciblée. Il ne s’agit pas d’une taille de rajeunissement drastique, mais plutôt d’une taille de nettoyage et d’entretien. Il est crucial d’utiliser des outils de coupe bien affûtés et désinfectés (avec de l’alcool à 70° par exemple) pour réaliser des coupes nettes et propres, qui cicatriseront plus rapidement et limiteront les risques d’infection par des maladies.
La plupart du temps, les seules interventions nécessaires se limitent à ce que l’on appelle une « taille des 3D » : supprimer le bois Mort, le bois Malade et le bois Dégarni ou endommagé. Il faut également enlever les branches qui se croisent ou se frottent l’une contre l’autre, car ces frottements créent des blessures qui sont des portes d’entrée pour les maladies. Cette opération permet d’aérer le centre de l’arbuste, d’améliorer la circulation de l’air et la pénétration de la lumière, ce qui est une excellente mesure préventive contre les maladies fongiques comme l’oïdium ou l’anthracnose.
Il est également possible de supprimer les quelques branches mal orientées qui déséquilibrent la silhouette de l’arbuste ou les branches basses qui pourraient gêner le passage ou l’entretien au pied de la plante. Les gourmands, ces pousses très verticales et vigoureuses qui peuvent parfois apparaître à la base du tronc ou sur les branches charpentières, doivent être supprimés dès leur apparition car ils épuisent la plante inutilement. Chaque coupe doit être réfléchie et justifiée, en gardant toujours à l’esprit la forme naturelle de l’arbuste.
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La formation des jeunes sujets
La taille de formation est la seule taille un peu plus structurante qui peut être envisagée, et elle se pratique sur les jeunes sujets durant leurs premières années au jardin. L’objectif est de guider la plante pour qu’elle développe une charpente solide et équilibrée qui la mettra en valeur à l’âge adulte. Cette intervention reste toutefois très légère et respectueuse du port naturel de la variété. Il ne s’agit en aucun cas de forcer l’arbuste dans un carcan, mais plutôt de corriger les éventuels défauts de jeunesse.
Dès la plantation ou l’année suivante, on observe la structure de l’arbuste. Si plusieurs troncs partent de la base, on peut choisir de n’en conserver qu’un seul pour obtenir une forme d’arbre à tronc unique, ou d’en garder trois à cinq bien répartis pour une forme en cépée (multi-troncs), qui est souvent très esthétique. Ce choix dépend de l’effet recherché dans le jardin. Une fois cette décision prise, les troncs en surnombre sont coupés au ras du sol.
Ensuite, on s’intéresse aux branches principales (les charpentières). On supprime celles qui sont mal placées, trop basses, ou qui entrent en concurrence directe avec d’autres branches mieux positionnées. L’idée est de sélectionner des branches bien étagées et réparties harmonieusement autour du tronc, un peu comme les rayons d’une roue. On élimine également les branches qui poussent vers l’intérieur de l’arbuste, afin de conserver un centre bien aéré.
Cette taille de formation se fait progressivement sur deux ou trois ans, toujours après la floraison. Il est préférable de supprimer peu de branches chaque année plutôt que de faire une intervention drastique en une seule fois. Une fois que la structure de base est établie, les interventions de taille se limiteront au simple entretien décrit précédemment. Une bonne formation initiale est la garantie d’avoir un cornouiller qui vieillira bien et qui nécessitera très peu de taille par la suite.
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La taille des sujets âgés et la coupe de rajeunissement
Avec le temps, un cornouiller à fleurs peut devenir un peu trop dense, avec un enchevêtrement de vieilles branches au centre qui produisent moins de fleurs et moins de feuilles. Dans ce cas, une taille d’éclaircissage ou de rajeunissement peut être bénéfique pour redonner de la vigueur à l’arbuste. Cette opération consiste à supprimer quelques-unes des plus grosses et des plus vieilles branches, en les coupant le plus près possible de leur point de départ sur le tronc ou sur une branche charpentière plus jeune.
Cette taille doit être pratiquée avec parcimonie et étalée sur plusieurs années. On recommande généralement de ne pas enlever plus d’un quart à un tiers de la ramure en une seule fois. En supprimant ces vieilles branches, on favorise la pénétration de la lumière au cœur de l’arbuste, ce qui va stimuler le développement de nouvelles pousses plus vigoureuses et plus florifères. Cette intervention se réalise également juste après la floraison pour ne pas sacrifier les fleurs de l’année.
Il est très important de réaliser des coupes propres et de ne pas laisser de chicots (morceaux de branche) qui pourraient pourrir et devenir une porte d’entrée pour les maladies. Pour les grosses branches, il est conseillé d’utiliser une scie d’élagage bien affûtée et de pratiquer la technique des trois coupes pour éviter de déchirer l’écorce du tronc : une première entaille sous la branche à quelques dizaines de centimètres du tronc, une deuxième coupe sur le dessus de la branche un peu plus loin que la première entaille pour faire tomber le gros de la branche, et enfin une troisième coupe nette au ras du tronc pour enlever le moignon restant.
Une taille de rajeunissement ne doit pas être une pratique annuelle. C’est une intervention ponctuelle, réalisée tous les cinq à dix ans sur un sujet mature qui en a réellement besoin. Le cornouiller à fleurs est un arbuste à croissance lente qui n’apprécie pas les tailles sévères. La meilleure approche est toujours la plus minimaliste : moins on taille, mieux il se porte, à condition que les quelques coupes effectuées soient judicieuses et bien réalisées.
📷 Flickr / Szerző: David Illig / Licence: CC BY-NC-SA 2.0