La taille et le rabattage du bleuet

La notion de taille pour une plante annuelle comme le bleuet des champs peut sembler contre-intuitive, car on associe souvent ce geste aux plantes vivaces, aux arbustes ou aux arbres. Cependant, certaines interventions légères, qui s’apparentent plus à du pincement ou à du nettoyage qu’à une taille structurée, peuvent avoir un impact très positif sur la floraison et le port de la plante. Il ne s’agit pas de rabattre sévèrement le bleuet, mais plutôt d’effectuer des gestes précis et ciblés pour encourager sa ramification et prolonger sa période de floraison. La pratique la plus importante et la plus bénéfique est sans aucun doute la suppression régulière des fleurs fanées.
La principale intervention de « taille » sur le bleuet est la suppression des fleurs fanées, une technique horticole aussi appelée « deadheading » en anglais. Cette opération consiste à couper les capitules floraux dès qu’ils commencent à perdre leur éclat et avant qu’ils ne montent en graines. L’objectif de cette action est double : d’une part, elle maintient un aspect esthétique soigné au massif, et d’autre part, elle stimule la plante à produire de nouveaux boutons floraux. En effet, en empêchant la formation de graines, on incite la plante à poursuivre son effort de floraison pour accomplir son cycle de reproduction.
Cette suppression doit être effectuée régulièrement tout au long de la saison de floraison, idéalement une à deux fois par semaine. On peut pincer la tige juste sous la fleur fanée avec les doigts ou utiliser une petite paire de ciseaux pour un travail plus net. Ce simple geste peut considérablement allonger la période de floraison du bleuet, lui permettant de fleurir de la fin du printemps jusqu’aux premières gelées d’automne. C’est l’intervention la plus rentable en termes d’effort fourni par rapport au bénéfice obtenu.
Il est important de ne pas attendre que toute la plante soit défleurie pour intervenir. Agir au fur et à mesure permet de maintenir l’énergie de la plante concentrée sur la production de nouvelles fleurs. Vers la fin de la saison, on peut choisir de laisser quelques fleurs monter en graines si l’on souhaite récolter ses propres semences pour l’année suivante ou si l’on veut favoriser les semis spontanés dans le jardin.
Le pincement des jeunes plants
Une autre technique, moins courante mais qui peut être intéressante pour obtenir des plants plus compacts et plus touffus, est le pincement des jeunes plants. Cette opération s’effectue lorsque les plantules ont atteint une hauteur d’environ 15 à 20 centimètres et qu’elles ont développé plusieurs paires de vraies feuilles. Le pincement consiste à supprimer l’extrémité de la tige principale, juste au-dessus d’une paire de feuilles, à l’aide des ongles ou d’un sécateur propre.
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Ce geste, en supprimant le bourgeon terminal, lève ce que l’on appelle la dominance apicale. La plante va alors réagir en développant les bourgeons axillaires situés à l’aisselle des feuilles inférieures. Cela se traduit par la formation de plusieurs tiges secondaires au lieu d’une seule tige principale. Le résultat est une plante plus ramifiée, plus buissonnante et qui produira un plus grand nombre de fleurs, bien que celles-ci puissent être légèrement plus petites.
Le pincement a également l’avantage de produire des plantes au port plus trapu et donc plus résistantes à la verse causée par le vent ou la pluie. C’est une technique particulièrement recommandée pour les variétés les plus hautes ou pour les plantations en situation exposée. Il faut noter que cette opération retardera légèrement le début de la floraison de une à deux semaines, le temps que les nouvelles ramifications se développent.
Cette technique n’est pas une obligation et le bleuet fleurira très bien sans elle. Elle s’adresse surtout aux jardiniers qui recherchent un effet de masse très dense ou qui cultivent les bleuets pour la fleur coupée, car elle permet d’obtenir un plus grand nombre de tiges florales par plant. Pour un effet plus naturel et élancé, typique d’une prairie fleurie, il est préférable de ne pas pincer les jeunes plants.
Le nettoyage et le rabattage de fin de saison
En tant que plante annuelle, le bleuet meurt avec l’arrivée des grands froids. Le rabattage de fin de saison consiste donc simplement à nettoyer le massif en arrachant les plantes mortes. Cette opération se fait généralement après les premières fortes gelées, lorsque les tiges et le feuillage ont noirci et séché. Ce nettoyage est important pour maintenir une bonne hygiène au jardin et pour prévenir l’installation de maladies ou de ravageurs qui pourraient hiverner dans les débris végétaux.
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Les plantes arrachées peuvent être mises au compost, à condition qu’elles n’aient pas été fortement atteintes par des maladies comme l’oïdium ou la rouille. Dans ce cas, il est plus prudent de les jeter avec les déchets verts pour éviter de contaminer le compost. Cette étape de nettoyage prépare également le terrain pour les cultures de la saison suivante, en laissant une place nette.
Il n’y a pas de « rabattage » au sens où on l’entend pour une plante vivace, c’est-à-dire une taille sévère pour stimuler la repousse. Une fois le cycle annuel du bleuet terminé, la plante entière est retirée. C’est également à ce moment que l’on peut laisser quelques plantes sèches sur pied si l’on souhaite que les oiseaux, notamment les chardonnerets, viennent se nourrir des graines durant l’hiver, ajoutant ainsi de la vie au jardin même en saison froide.
Le seul cas où un rabattage partiel pourrait être envisagé en cours de saison serait après une première grosse vague de floraison qui laisserait le plant un peu dégingandé et dégarni. Une taille légère des tiges défleuries à mi-hauteur pourrait, dans de bonnes conditions, stimuler l’apparition de nouvelles pousses à la base et une seconde floraison plus tardive. Cependant, la suppression régulière des fleurs fanées reste une méthode plus simple et généralement plus efficace pour maintenir une floraison continue.
Fotó forrása: Flickr / Szerző: yrjö jyske / Licence: CC BY 2.0